mardi 6 novembre 2012

Wonder Brave


Il fut une époque où nos parents devaient ciseler dans le marbre inébranlable de leur temps perdu, des idoles à l'effigie de Dorothée et de son club éponyme. Cette sainte avait su nous garder calmes quelques instants pour permettre à nos aïeux de souffler, laissant de côté la moindre appréhension quant au contenu douteux d'adultes au jeu d'acteur constestable, mordant sauvagement dans des croissants. Aujourd'hui pareille émission n'est plus là pour nous épauler, nous parents, et nous devons redoubler d'imagination pour occuper nos têtes blondes certains après-midi. Heureusement, Pixar a eu la bonne idée il y'a quelques années de se lancer dans l'animation plutôt que dans la boucherie chevaline, et nous les en remercions. C'est ce qui me pousse aujourd'hui à tester Rebelle !

* Attention, ce qui suit est à forte teneur en spoil ! *




Tu veux parler de Brave ?

Oui, mais on l'aura au préalable judicieusement traduit "Rebelle", pour appuyer son côté rebelle. Il est vrai que Brave, ça se dit Brave en français, et les gens n'auraient sans doute pas compris.

Après être passé par l'inévitable chanson de la Fée Bleue sur fond du château Disney qui illumine déjà nos yeux écarquillés, et par la mignonne petite lampe écrasant violemment le "i" de Pixar, nous voici plongés au coeur de fabuleux décors verdoyants. Nous sommes en Ecosse. A quelle période, je n'en sais foutrement rien, mais vu la dégaine des personnages, j'utiliserai ce groupe de mots qui sert beaucoup quand on essaie de se faire comprendre par des demeurés : "l'Ecosse de l'ancien temps". 

J'adore l'Ecosse !

Personne ne t'a demandé ton avis. Moi aussi j'aime beaucoup l'Ecosse et surtout cette image archaïque qu'on s'en fait, avec les grandes vallées rocheuses, les cornemuses, les kilts en tartan, Sean Connery, et on est plus ou moins servi dès les premières minutes du film. Habilement, Pixar et Disney nous plongent dans l'enfance de l'héroïne, jolie petite rousse boulotte, déjà prédisposée à la baston. Soutenue par Fergus, roi de son état et bâti comme une baraque de kermesse, et bridée par la reine Elinor, mère coincée qui n'a pas dû voir souvent le loup, Merida se voit offrir son premier arc et ne tarde pas à s'en servir.


Alors, ce héros ?

Héroïne, ne me force pas à me répéter c'est très agaçant. Etrennant ce fameux arc, Merida envoie en pleine forêt sa première flèche. Passage qui me fait instantanément penser à Moustique de Merlin l'enchanteur, déclenchant son destin à la recherche lui aussi d'une flèche.

Surgit alors de la pénombre un ours énorme, décidé à se bouffer du highlander en apéritif. La scène prend fin lorsque Fergus subit l'assaut de l'ursidé en colère. Heureusement j'ai envie de dire, parce que pendant le clap de coupure, le pauvre roi perd une jambe et il aurait été malvenu  (mais jouissif) de voir la jambe d'un perso Disney bringuebaler et finir dans l'estomac d'un nounours peu commode.

Comme vous avez dû voir le film si vous lisez cette analyse, résumons la suite grossièrement : Merida doit épouser le fils d'un autre clan, elle refuse, se dispute avec sa mère, elle s'enfuit dans les bois, tombe sur une sorcière, lui demande de jeter un sort pour faire changer l'avis de sa reine de génitrice, ce sort la change en ours, elles doivent s'échapper ensemble et survivre en forêt, se découvrent l'une l'autre.

Ce moment correspond d'ailleurs à une micro sieste, provoquée par le mou du film en son centre, et par le silence du microbe fasciné et calme, si calme, si paisible. Au réveil, on sait qu'on a loupé quelques minutes de film, ce qui nous donne l'impression d'avoir voyagé dans le temps. L'air ahuri et la bouche pâteuse en plus.

Après un autre combat avec le méchant ours, Merida et sa maman brisent le sort à la fin, s'aiment à nouveau, ont chacune mis de l'eau dans leur vin, c'est formidable, des bisous et des câlins.


Et donc, la trame du film ?

Au risque de me mettre à dos les inconditionnels de Pixar, elle est bien mince cette trame. On a une sorte de canevas de clichés en tous genres, utilisés pour servir un message d'espoir anti-machiste basique, mais à mon avis un poil à côté de la plaque.

L'héroïne est rousse, fille de roi, garçon manqué. Dès lors on sait qu'elle ne peut que se rebeller contre l'ordre établi par sa mère, soucieuse du respect des traditions de son pays et de sa cour. D'ailleurs l'histoire se concentre sur ce duo improbable d'une mère changée en ours et de sa fille vaillante. Les hommes sont ici relégués au rang de débiles profonds, possédant chacun deux neurones : l'un pour festoyer, l'autre pour se battre. Et je me pose cette question : est-il vraiment nécessaire de rabaisser le niveau intellectuel de la gente masculine pour permettre à une héroïne d'émerger dans un film d'animation qui lui est consacré entièrement ?

Les trois uniques rôles de filles sont tenus par la reine, Merida, et la bonne. Les trois rôles intelligents du film même si celui de la bonne est un peu plus consternant. On notera qu'une fois changée en ours, la mère si pointilleuse et pète-sec, finit par agir comme un personnage de cartoon, un ours crétin et maladroit. Attitude qui vient à mon avis de son look très masculin, mais à des kilomètres de ce qu'a pu être Elinor dans sa vie humaine. Erreur assumée pour provoquer le rire lorsqu'elle essaie de se nourrir en pêchant ou se tenir bien à table, mais qui ne reflète en rien le caractère tiré à quatre épingle de la reine mère.


T'as pas aimé alors ? (ducon)

Oh là, calmons-nous, j'ai adoré ce film. Le savoir-faire de Pixar et de Disney ne sont pas à remettre en cause, on en prend plein les yeux du début à la fin. L'animation est parfaite et les décors somptueux. Scénaristiquement, je reste sur ma faim cependant. Bien sûr on rit et le découpage de chaque scène est idéal. Mais chacune des idées semble sortir tout droit d'un autre Disney. Le concours d'arc à flèches de Robin Des Bois, la transformation de Frère Des Ours, la sorcière de Blanche Neige, le roi Triton de la petite sirène, l'ours méchant de type dragon de la Belle Au Bois Dormant, et j'en passe.

J'aime quand Disney sort un peu de ce tissage connu, rien ne m'a vraiment surpris dans l'histoire, qu'on peut largement deviner longtemps à l'avance et qui n'apporte aucun suspense.

Tiens tu ne râles pas sur le merchandising ?

Comment pourrais-je râler, les poupées sont magnifiques, les bouquins de haute qualité (avec cette couverture un peu bombée, feutrée, et douce comme j'aime), les jouets ont un look tellement finement pensé qu'on pourrait les utiliser comme figurines de décoration. Toute cette ambiance zen qui émane de l'univers écossais vu par Pixar se ressent jusque dans le moindre porte-clé, il faudrait être sacrément difficile pour leur reconnaître des défauts, si ce n'est le prix.

Les plus ?
  • Une animation magique.
  • Des décors fabuleux.
  • Le rêve habituel de Pixar et Disney.
Les moins ?
  • Le cliché du scénario.
  • La lenteur du milieu de film.
Bref, Je valide à 99,5% le film. Il a une nouvelle fois fait mouche sur moi, et sur ma fille. Voilà un titre qui finira évidemment dans la dévédéthèque, à côté d'autres classiques confirmés comme Les Indestructibles ou Monstres Et Compagnie.

Encore une mission accomplie pour WONDER PAPA !

3 commentaires:

  1. je l'ai pas vu alors j'ai pas tout lu (nanmého)
    mais je veux cette poupée: http://cdn.s7.disneystore.fr/is/image/DisneyStoreFR/411042329347?$mercquickview$

    Voilà (ma file n'en veut pas non plus ceci dit.)

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  2. Doit y'avoir du lourd en toys à Disneyland.

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  3. Cela fait un peu de temps que j’ai regardé ce film en compagnie de ma fille et nous avons beaucoup aimé.

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